Bactériophages

Les bactériophages, ou phages, sont des virus qui n’infectent que les bactéries. Ils ont été mis en évidence par le britannique Frederick Twort en 1915 et le franco-canadien Félix d’Hérelle en 1917.

On distingue deux sortes de bactériophages :

-les phages lytiques, qui infectent la bactérie, détournent la machinerie cellulaire pour se reproduire, et détruisent la cellule en libérant de nombreux nouveaux phages qui pourront à leur tour infecter des bactéries cibles. C’est le cycle lytique.

-les phages lysogéniques, ou tempérés, qui insèrent leur ADN dans le chromosome bactérien, sous la forme d’un prophage, devenant le support de propriétés nouvelles. C’est le cycle lysogénique. Les phages ne se multiplient pas et ne lysent pas la bactérie, mais sous certains stress environnementaux, ils peuvent devenir lytiques.

Comme les phages lytiques détruisent les bactéries, ils peuvent être utilisés pour lutter contre les infections bactériennes : c’est le principe de la phagothérapie. Les phages ont pour avantage d’être spécifiques d’une bactérie, chaque virus n’infectant qu’un sous-groupe donné au sein d’une espèce bactérienne, au contraire des antibiotiques qui ont toujours un spectre d’activité plus large.

La phagothérapie est toujours pratiquée dans certains pays de l’ancien bloc soviétique (Géorgie, Russie…) et regagne l’attention des chercheurs du monde entier suite au problème de l’antibiorésistance. Le recours et le retour à la phagothérapie semble l’une des voies les plus avérées, prometteuses et durables pour lutter contre ce phénomène de résistance.

Aujourd’hui, des réflexions sont en cours en Europe pour définir un cadre réglementaire spécifique à la phagothérapie et pour mener des études cliniques et des projets de recherche fondamentale sur la biologie des phages et leurs effets sur l’organisme et l’écosystème.

À la lumière des connaissances accumulées depuis un siècle et à l’aune d’une approche médicale et scientifique rigoureuse, mais aussi à travers la médiatisation de plus en plus fréquente de résultats positifs obtenus, la réévaluation de la phagothérapie est désormais inscrite à l’agenda.