Il était une fois un soldat britannique, Ernest Cable, entré dans la postérité grâce à la curiosité du génomiste Nicholas Thomson…

Tout commence début 1915, à l’hôpital de Wimereux en France. Voilà 8 mois que la Grande Guerre a débuté lorsque le soldat Cable est hospitalisé. Il souffre de dysenterie causée par Shigella flexneri, dont il succombera dans l’anonymat comme près de 10% des soldats engagés dans le conflit.
Mais en 2011, Nicholas Thomson apprend que le premier isolat bactérien déposé à la biobanque du NCTC provient de Cable, et prend ainsi connaissance de l’histoire de ce soldat. Rapidement, il a l’intuition que la souche en question contient des indices génétiques sur l’évolution de l’espèce bactérienne qui possède aujourd’hui de hauts niveaux de résistance à de nombreux antibiotiques.
Les travaux de séquençage comparatifs, publiés en 2014 dans la revue « The Lancet », démontreront notamment que la souche qui a tué Cable était résistante à l’érythromycine grâce au système d’efflux MdtEF-TolC et possédait des mutations dans le gène bl1-ec codant pour une β-lactamase, lui conférant une résistance à la pénicilline. Ces résultats feront dire à Thomson que « même si la pénicilline avait été disponible pour le traiter, Cable serait mort car la bactérie qui l’a rendu malade était déjà résistante au premier antibiotique du monde et ce bien avant qu’il ne soit découvert en 1928 ».
Ainsi, grâce au soldat Ernest Cable et à l’équipe de Nicholas Thomson, la « guerre qui devait mettre fin à toutes les guerres » a livré les premiers indices d’une épidémie mondiale : la résistance aux antibiotiques.